Une pluie d’appels inonde le standard d’Express FM, à la périphérie de Tunis. De l’autre côté de la vitre, dans le studio, Wassim Ben Larbi redresse son casque à la hâte : «Ça y est, nous sommes en ligne avec notre correspondante qui se trouve au siège de l’Utica» (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), lance le jeune présentateur. Le bourdonnement inaudible d’une foule en furie perce aussitôt les ondes. Puis, une voix féminine prend le dessus : «Bonjour ! Bonjour ! C’est incroyable ce qui se passe ici… Je suis coincée devant l’ascenseur… Deux cents hommes d’affaires assiègent le bureau du patron de l’Utica. Ils sont furieux. Ils veulent sa peau, à cause de sa proximité avec le clan Ben Ali… Attendez, attendez… Ah ! On vient d’apprendre sa démission !»