j’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans
j’habite une guerre de trois cents ans
j’habite un culte désaffectéentre bulbe et caïeu,
j’habite l’espace inexploité
j’habite du basalte non une coulée mais de la lave le mascaret
qui remonte la valleuse àtoute allure
et brûle toutes les mosquées
je m’accommode de mon mieux de cet avatar
d’une version du paradis absurdement ratée
-c’est bien pire qu’un enfer –
j’habite de temps en temps une de mes plaies
chaque minute je change d’appartement
et toute paix m’effraie
atmosphérique ou plutôt l’historique
agrandit démesurément mes maux
même si elle rend somptueux certains de mes mots
Aimé Césaire
Rohash Shad bashad
la pression