Quand Ali est rentré un soir la chemise maculée de sang, son épouse Fatemeh n’a pas eu besoin de longues explications. Ainsi marche la milice des pro-Ahmadinejad. La clé tourne dans la serrure. Une fois de plus, le dîner a eu le temps de refroidir. Sur le sofreh – la nappe sur laquelle on dispose le repas, à même le sol -, l’assiette d’Ali attend depuis quatre heures. La tête dans ses livres, Fatemeh prend à peine le temps de lui dire «bonsoir». À la faculté d’économie, les examens ont été maintenus, malgré les troubles de ces derniers jours. Mais là, ses yeux restent collés sur la chemise de son mari : elle est rouge de sang. «Ça a encore bastonné. Je suis allé donner un coup de main pour emmener les blessés à l’hôpital…», marmonne-t-il en guise d’explication. Pas la peine d’en dire plus. Elle a compris. Chez les bassidjis, les ordres sont les ordres. Ça ne se discute pas. Fidèle à sa hiérarchie, Ali a dû troquer son tablier de cogérant d’un petit restaurant contre la matraque pour >>>