Bonjour Tristesse

C’est que, c’est lui qui m’a dit de le lire, ce livre. C’est lui, mon grand-père chéri, que je viens de perdre, qui m’a recommandé ce livre par Françoise Sagan. C’était le premier livre qu’elle écrivait; elle avait à peine 18 ans. Mon grand-père, Ostaad Shojaeddin Shafa, que j’appelais Baba Shafa, m’a dit, vas-y, écris aussi. Je voudrais que les paroles soient de ta part, du  haut de tes 15 ans; dis-moi ton experience, ton départ du pays, comment tu as vécu la révolution, comment tu as vécu tous ces changements.

Je ne l’ai pas fait. J’ai commencé, mais je n’ai pas continué. Mon père m’avait même dit un jour, que chacun des enfants de Baba Shafa avait touché, à un moment donné ou à un autre, à l’oeuvre de l’écriture, mais que j’étais la seule à avoir vraiment voulu continuer ça… Mais je n’ai pas continué. Baba Shafa m’en a parlé à nouveau, il m’a encouragé, il a continué à lire les petits passages que j’écrivais, les articles, par ci, par là. Je n’ai jamais abondonné l’idée de l’écrire, ce livre, mais je ne trouvais pas l’idée qui commence tout, le tempo pour m’y mettre. Donc j’ai laissé passer. Et au fur et à mesure du temps passé, c’est devenu un petit rêve… qui ne se réaliserait peut-être même pas.

Et voilà, il y a un mois, Baba Shafa ne se sent pas bien. J’en entends parler, de loin, par mon père… Puis il est hospitalisé à nouveau, et mon père de m’expliquer que ce n’est pas sur qu’il s’en sortira. Baba Shafa? Ne pas s’en sortir? Quelle pensée. Impossible. Il ne me vient même pas à l’esprit qu’il a déjà 91 ans, une vie bien vécue, tellement pleine, tellement riche d’experience. Combien de personnes ont à elles seules pu changer le monde, le stylo-plume à la main, livre par livre.

Mon grand-père adoré, que j’ai vu l’an dernier à Paris à l’occasion du triple anniversaire qu’on fêtait: les 90 ans de Baba Shafa, les 65 ans de son fils, mon père, et le 1er anniversaire de son arrière petite-fille, ma fille. 4 génerations réunies pour cette belle occasion. J’ai passé trop peu de temps avec lui ce voyage-là. Ce n’était jamais assez durant ces petits sauts à Paris. Le temps où je passais souvent à Paris avait passé, je vivais plus loin, j’étais mariée avec un enfant, le voyage était devenu un peu plus compliqué! L’aventurière en moi n’a jamais cessé de voyager, de penser aux petits sauts que je ferai dans un quelque nouveau pays, ou le petit passage du week-end que je ferai dans une ville historique ou une autre… c’est des voyages que je comptais faire, un jour, bientôt.

Ça fait une semaine que mon grand-père adoré, chéri, vient de nous quitter. Avec ce départ, ma soif de l’aventure, ma soif de l’écriture est revenue. Il aurait voulu que je continue à écrire; je lui en ai parlé une semaine auparavant, je lui ai dis que j’allais, en effet, l’écrire ce livre, que j’allais même traduire un de ses oeuvres. Il disait d’accord, d’accord. Il était faible, mais faisait l’effort de me parler. J’adorais entendre sa voix.

Ça fait une semaine que Baba Shafa est parti. Je ressens un grand vide. J’y ai été préparée, mais je ne m’y attendais pas. Je savais que la fin était proche, en fait, c’est lui qui le savait et qui le disait à tous, et pourtant, j’ai été choquée par la nouvelle. Est-ce que ce vide se comblera? Des amis qui ont aussi perdu un grand-parent proche me disent que petit à petit, la douleur s’atténue, mais le vide reste.

A qui de combler le vide qu’il laisse dans le monde? A qui de combler le vide qu’il laisse dans nos coeurs? Quel honneur, que d’être sa petite-fille. Quel plaisir et quelle chance énorme de l’avoir eu dans ma vie aussi longtemps.

Baba Shafa, tu me manques énormément. Je continuerai à écrire. Et cette fois, je ne m’arrête plus.

Atossa

Website: www.shojaeddinshafa.com. Facebook fan page: Shojaeddin Shafa

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