Chiisme Avorté en Iran

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Jahanshah Rashidian
by Jahanshah Rashidian
31-Oct-2008
 

Affaibli par des guerres continuelles contre l’empire byzantin, La Perse fut militairement assez vulnérable pour être envahie par les musulmans de l’Arabie en 637. La première défaite des Perses à Ghadessieh marque le début de la fin de l’empire Sassanide et l’amorce de la soumission d’une grande civilisation aux nomades musulmans. Après cette défaite, la dynastie Sassanide faillit à défendre son territoire et tomba après une deuxième défaite à la bataille de Nahavand en 642.

Comme d’autres grandes civilisations en Syrie et en Egypte, la civilisation perse est aussitôt démantelée par les envahisseurs musulmans. Les villes peuplées qui symbolisaient cette civilisation ont été rasées ou détruites. Comme permis par leur religion et comme d’habitude, les musulmans massacrèrent les hommes " non musulmans " pillèrent leurs biens et asservirent leurs femmes et leurs enfants comme butins de guerre.

Ceux qui ne pouvaient pas s’échapper des massacres et de l’esclavage et qui ne pouvaient pas fuir devant les envahisseurs vers un autre pays de refuge comme l’Inde n’ont eu que deux choix : soit la conversion à l’Islam, soit le payement d’un impôt appelé "Jizya ", un tribut humiliant payé aux musulmans par les " dhimmis " (les citoyens non musulmans d’un territoire dirigé par les musulmans).

L’invasion fut désastreuse, l’ensemble du pays fut occupé en 650 par les musulmans qui cherchent à étendre leur " Dar-al-islam " (le territoire de l’islam) à tout prix. Pour cette ambition, les Perses devraient perdre leur identité nationale, leur langue, et leur religion — le zoroastrisme —. La population civile diminua à cause des massacres perpétuels et parce que une grande partie a dû fuir leur pays et parce que un grand nombre de femmes et d’enfants sont devenus des esclaves et déportés vers les marchés de l’Arabie pour être vendus comme d’autres butins de guerre.

L’Iran resta occupé par les Arabes musulmans durant deux siècles et finalement tomba sous les dynasties chiites pendant les cinq derniers siècles.

La " chiisisation " de l’Iran commença par la Dynastie Safavide au début du seizième siècle. Shah Esmai’l Safavide, le premier roi de la dynastie d’origine turkmène et lui-même un soufi militant, imposa violemment la conversion au Chiisme aux iraniens qui étaient majoritairement sunnites. Cette conversion est pour la création d’une identité nationale contre son rival sunnite de l’empire Ottoman qui menaçait son règne.

La scission du Chiisme du Sunnisme et puis les subdivisions á l’intérieur du Chiisme tiennent à la définition de la lignée des Imams. La plupart des Chiites sont duodécimains ou imâmites. Leur " imâmat " commence par Imam Ali et sa ligné se termine par le douzième, le Mahdi - l’imam caché.

Le Chiisme qui est un courant historiquement politique, intégriste et sectariste, conteste depuis son apparition le pouvoir politique en termes religieux, se penchant uniquement sur la tradition théocratique (pouvoir politique détenu par les religieux) de l’Etat musulman. Les Chiites ne reconnaissent pas les mêmes héritiers que les Sunnites après la mort du Prophète en 632 : pour les Chiites, c’est l’imam Ali, cousin et gendre du Prophète, qui est la figure tutélaire ; pour les Sunnites, c’est Abou Bakr, compagnon de Mohammed. S’ensuivent des différences liturgiques et doctrinales, mais surtout politiques.

Pour bourrer le crâne d’un peuple, le Shah Esmai’l envoie ses agents dans les pays arabes pour recruter des "Sayyeds" (descendants du Prophète Mohammad). En effet, ils ont dû faciliter les tâches pour l’administration répressive du Shah. C’est par les carnages du Shah Esmai’l et les prêches de ses complices Sayyeds que l’Iran devient subitement chiite. Un événement qui coûta la vie à des centaines de milliers d’Iraniens. Les Iraniens " infidèles " n’étaient pas cette fois massacrés par les musulmans de la péninsule d’Arabie mais convertis violemment par un roi iranien pour la cause de ses buts politiques et personnels.

Le Shah Esmai’l s’est considéré le représentant du " Mahdi " (le douzième Imam qui est disparu il y a mille ans et est attendu par les chiites pour faire régner la justice islamique sur la terre). Dans ce contexte, le monarque devient une figure semi divine, ce que tous les rois prétendaient être et ce jusqu’à l’émergence de la République Islamique, où cette prétention est baptisée " Valy-e-Faqih " (Leader Suprême).

C’est sous les Safavides que la culture de deuil se divulgua en Iran. Achoura est le jour où le troisième Imam Hussein, fils du premier Imam et quatrième Calife, Ali, avec ses soixante-douze compagnons, sont martyrisés par les troupes de Yazid, le maudit qui était Calife omeyyade en 680. Quelques siècles plus tard, sous les Safavides et les Qadjars, cet événement reprend une dimension symboliquement importante et même trop exagérée.

Pendant les dix premiers jours de Moharram, le mois de deuil, et spécialement le neuvième et le dixième jour certains Chiites se consacrent aux cérémonies de deuil en souvenir du martyre de l’Imam Hossein et de ses partisans à Kerbela il y a plus de treize siècles. Des cortèges d’hommes vêtus de noir déambulent dans les rues au son des tambours rythmés par le frappement des poitrines et des chaînes et précédés par des porte-drapeaux et des groupes de musique funèbre. Ils se tailladent même le crâne pour que jaillisse le sang : tout concourt à signifier le deuil et également à une culture de haine et violence. En même temps que la religion en Occident cède la place à la Renaissance, le Chiisme invente ces cérémonies de deuils.

Sous les Qadjars, des nouvelles cérémonies religieuses émergent. Il s’agit de Ta’ziyeh qui s’inspire des événements du jour de l’Achoura, dont l’impression est trop forte dans la mentalité chiite. Le Ta’ziyeh est une représentation théâtrale de ces événements, accompagnée de lamentations et de récits de deuil. Bien que ces récits et les lamentations infinies ne soient que des prêches imaginaires des Mollahs chiites, c’est une occasion pour bourrer le crâne de ceux qui doivent prouver leur foi et leur attachement aux descendants du Prophète.

Sous les Qadjars, les Mollahs contrôlaient les institutions religieuses et culturelles comme des madressehs (écoles religieuses pour les garçons), la justice, celles qui bafouent les droits de liberté, l’égalité de femme, des arts et sciences modernes et traditionnellement l’identité préislamique de l’Iran.

Néanmoins, on témoigne d´une formation graduelle d’une nouvelle caste sociale en Iran qui n’est que celle des Sayyeds : ils portaient comme toujours des turbans noirs, ou parfois verts. Ils n’étaient que plusieurs centaines à l’époque des Safavides, recrutés des pays arabes, et aujourd’hui ils sont plusieurs millions dont la propagation disproportionnée montre qu’une grande majorité de Sayyeds devaient être des charlatans opportunistes qui se sont faufilés au rang des "descendants du Prophète" pour profiter de tous les avantages qui leur étaient offerts. Des descendants de Mohammad et à la fois des disciples d’Ali, gendre et cousin du Prophète Mohammed, inventent leur mythe de suprématie de sorte que le peuple soit l’éternel repenti, hanté par l’apostasie et ainsi devait oublier cette injustice et cette duperie.

Les Chiites ont longtemps été opprimés et maintenus sous l’étroit contrôle des Sunnites à travers le monde musulman. Dès son apparition, le Chiisme a été une secte de persécutés et d’exclus. Les Safavides préparèrent désormais un terrain favorable pour les faire venir en Iran. Les minorités chiites, souvent isolées au cœur des populations majoritairement sunnites, devinrent de nouveaux citoyens de l’Etat chiite, Vrai ou faux, parmi eux, beaucoup de Sayyeds avec un turban noir ou vert qui leur permettent d’avantage de former une nouvelle caste forte.

Sous la dynastie Qadjar (1786-1925) - également religieuse - qui succéda aux Safavides, puis sous le dernier Shah Mohammad Reza Pahlavi (1925-1979), les Mollahs accrurent encore leur pouvoir sous seize ans du règne de Reza Shah, les Mollahs perdent relativement leur influence politique. Tandis qu’en Iran, mis à part cette courte période de Reza Shah, l’influence des Mollahs grandissait, au point que l’Ayatollah Khomeiny réclama l’instauration d’un régime islamique en 1979, alors, la troisième invasion d’islam commence. Le " calife " de cet islam chiite s’appelle " Vely-e- Faqih " c’est-à-dire un " Ayatollah " (titre religieux chiite) et leader politique à la fois avec la monopolisation totale du pouvoir.

Le désastre sur un peuple déraciné se triple : moins de quatorze siècles après l’invasion des musulmans arabes à Qadessieh et moins de cinq siècles après la " chiitisation " sanglante des Safavides, et depuis 1979, les islamistes s’imposent en chantant leur triomphe d’ Allah Akbar (le dieu est grand) à travers le pays dévasté.

Plus qu’une religion politique et moins qu’un ordre éthique, plus qu’un ordre social et moins qu’une une foi de liberté - aussi divisé que le sont généralement les conflits politiques, plus diversifié que ne l’est généralement une religion - l’islam, ou plutôt les " islams " existent dans le monde d’arriéré et se développent démographiquement dans le monde moderne, et leurs préceptes intéressent aussi bien la vie privée que la vie publique des musulmans.

Aujourd’hui, les Mollahs chiites au pouvoir en Iran se prennent pour les leaders de tous les musulmans. Ils prônent un retour aux sources de la Charia et à l’âge d’or du Prophète Mohammad. La société idéale des Mollahs est une communauté musulmane, Umma. A l’âge d’or, elle devait se composer des hommes barbus, des femmes encagées dans leur chador noir et des hordes ardentes ivres de rites médiévales. Pour cela tout est permis, même la guerre sainte, le Jihad.

De ce fait, les Mollahs chiites considèrent leur régime comme Etat de tous les musulmans), méprisants des sectes a l’intérieur de l’islam et des choix politiques des musulmans. C’est par la barbarie (théoriquement écrite dans la constitution de la République Islamique) que les Mollahs osent s’imposer.

Aujourd’hui comme au temps de la première invasion des musulmans arabes de l’ancienne Perse, et puis des massacres des Sunnites iraniens sous le règne de dynastie Safavide, l’application intégrale de l’islam et ses lois, la Chariah, à tous les aspects de la vie quotidienne et politique est imposé contre les femmes, les jeunes, les intellectuels, les minorités religieuses et ethniques, et tous ceux qui ne demandent que le droit de vivre d’une manière libre et laïque en Iran.

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